Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu de nouvelles de la transparence des algorithmes ! Il faut dire que l’actualité a largement privilégié l’IA avec la mission portée par Cédric Villani sur la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle dont les médias sont fous.
L’IA a donné lieu a un numéro spécial de Libération et France Inter, un numéro spécial de Le Monde, de nombreuses émissions radio, télés, des articles sur la reconnaissance du cancer (sic), le remplacement des juges (sic), la lutte contre la pédophilie (sic) ou les voitures autonomes (quand même). Bref, l’IA est partout, parle de tout (donc du TAL aussi) et surtout dans tous les sens. Il y a encore quelques mois, il était possible de discuter les points de vue relayés dans les médias. La tâche est désormais impossible. Il faut donc tenter de comprendre les opinions de figures médiatiques. On pense évidemment à Yann Le Cun, dont on peut trouver une excellente interview sur France Culture.
Bref, la fin d’année était dense, ce n’est rien à côté du début de la nouvelle. Pour ceux·lles qui cherchent des éléments plus scientifiques, ils·elles pourront se consoler en lisant le rapport de la CERNA sur l’éthique en apprentissage automatique.
Nous sommes nombreux aujourd’hui à avoir entendu plusieurs spécialistes nous expliquer ce qu’est l’intelligence, la différence entre artificiel et naturel ou ce que sont les algorithmes, à l’origine de tous ces débats. Mais les choses n’ont pas beaucoup avancé concernant la compréhension de ce que font ces dits algorithmes.
Inria s’était lancé dans la mise en place d’une plateforme pour évaluer la transparence des algorithmes. Mais si l’annonce a presque un an, peu de nouvelles depuis. Sauf juste avant la trêve de fin d’année où nous avons reçu l’annonce de la mise en place de 5 groupes de travail (GT). L’occasion de vous donner les intitulés pour mieux cerner ce qu’est la transparence des algorithmes du point de vue des informaticiens :
GT1 : algorithmes de classement, de recommandation (neutralité, loyauté, non-discrimination)
GT2 : Explication des algorithmes d’apprentissage
GT3 : Confidentialité et Contrôle d’usage des données
GT4 : Neutralité/loyauté et métrologie des réseaux de communication
GT5 : Influence, Désinformation, Impersonification, Fact-checking
À lire ces intitulés, on se demande s’il s’agit de travailler sur la transparence des algorithmes ou sur l’éthique de l’informatique. On voit bien l’importance des débats qui vont se tenir, par exemple dans le GT5 qui fait facilement écho à la proposition par Macron lors de ses vœux à la presse pour légiférer sur la responsabilité des plates-formes dans la diffusion de fausses informations (fact-checking). L’idée que des algorithmes puissent être le support de la loi ouvre de nombreuses questions, ne serait-ce que pour décider le vrai du faux (sujet qui alimente largement la philosophie depuis Aristote).
Il semble bien important qu’un comité national d’éthique se mettent en place, comme le demande la CERNA, tant qu’il ne devient pas un comité Théodule mais fait la place aux discussions entre toutes les parties. Ce qui reste sûr, c’est que le sujet ne devrait pas disparaître, sentiment renforcé par les rumeurs de la très prochaine nomination d’Antoine Petit, PDG d’Inria, à la tête du CNRS.
2018 devrait donc être une année transparente. Espérons qu’elle prenne de l’épaisseur.